Ce n’était pourtant pas le thème de la journée, le lâcher prise. Mais il y a ce truc dans la cuisine, comme dans la plupart des activités manuelles me direz-vous, qui permet de se déconnecter du train-train quotidien et d’entrer en méditation, le temps d’un atelier.

En famille

À notre arrivée, Julicia avait déjà préparé des beignets pour la dégustation. Levée à 4h du matin, avant les coqs donc, et avant tout le monde, elle était allée cueillir une salade au champ pour le repas du midi, préparé pour des travailleurs qui restaurent des logements dans le quartier.

Le Tour-des-Roches a ce côté village rural – on est pourtant à deux pas du centre-ville de Saint-Paul – qui fait qu’on s’y sent protégé, en famille comme qui dirait.
Pas une minute à perdre. Le temps des présentations à peine passé, nous voici à mettre “la main à la pâte”, littéralement puisque je plonge mes doigts peu rompus à ce genre d’exercice, dans un mélange de morue dessalée et émiettée et de manioc râpé. La mixture servira à faire des boulettes destinées à atterrir dans un bain d’huile, chauffé au feu de bois. Du côté des copains c’est à peu près la même chose, mais avec d’autres ingrédients. Chacun y va de son morceau de songe, de banane écrasée ou de purée de pois du cap pour les bonbons piments, et la friture chante, au rythme des beignets qui frétillent.

Fait remarquable à la dégustation – qui ne tarde pas – ce n’est pas si gras. “C’est parce que l’huile est à la bonne température, il ne faut pas qu’elle soit trop chaude, mais pas trop tiède non plus”, me rassure Julicia, alors que je pense aux excès qu’il va falloir éliminer sur un chemin pavé.
Il y a justement un départ de sentier pas loin d’ici. Julicia en profite pour nous raconter un peu de sa jeunesse au Tour-des-Roches, quand “on descendait à l’étang avec les bœufs et qu’on montait sur leur dos pendant qu’ils nageaient.” Comme on aurait voulu y être.